Le 15 janvier 2019, j’arrive en avion (pour éviter une frontière terrestre un peu délicate avec le Myanmar) à Chiang Mai, au nord ouest de la Thaïlande. Malheureusement, le bénévolat que je souhaitais y faire (réalisation de mosaïques dans un lieu d’accueil écologique) vient d’annuler ma venue. Déçue, et fatiguée de 5 mois de voyage assez intense (Malaisie, Sumatra, Sulawesi, Bornéo et Myanmar), voici mon premier coup de mou du voyage… C’est normal, çà arrive à tous les voyageurs ! Mon mois en Thaïlande sera donc plutôt synonyme de repos, farniente, lecture, cocktails et massages !
Chiang Mai : douceur de vivre et repos
Voyager en tour du monde n’est pas toujours de tout repos
Bien sûr, voyager au long court, c’est du bonheur à l’état brut : la liberté, les découvertes, les rencontres enrichissantes ! Seulement, voyager en itinérance, sur plusieurs mois, çà ne s’aborde pas comme des vacances. Si je pars 3 semaines, globalement mon programme est calé, mon hébergement réservé, et je suis contente de cuisiner ou me permets quelques restos. Mais en tour du monde, je change de lieu en moyenne tous les 3 ou 4 jours (hors bénévolats), donc je commence à fatiguer de défaire/refaire mon sac à dos tout le temps, je fais beaucoup de transports dans des conditions pas toujours confortables, je dois faire plus attention à mon budget, je dors en auberges de jeunesse, je ne mange pas toujours équilibré…
et puis je construis mon programme au fur et à mesure… Avantage : flexibilité et liberté de rester à un endroit où je me sens bien, ou au contraire d’en partir si çà ne me plaît pas. Inconvénient : le temps à passer pour programmer et décider où je vais ensuite et pour combien de temps ? comment y va-t-on ? combien çà coûte ? Enfin, reste à prendre en compte la nécessité de s’adapter régulièrement à des lieux différents, donner des nouvelles à la famille et aux amis, trier les photos, essayer de tenir le blog (ce que j’ai fini par lâcher, désolée)… et prendre le temps de faire connaissance avec les autres voyageurs, pour une soirée ou deux jours, c’est toujours enrichissant, mais également fatiguant de se présenter mille fois… en anglais bien sûr ! 😉
Massages, peinture, lecture : je me détends à Chiang Mai
Je commence par me trouver une auberge de jeunesse sympa, un peu plus cosy que d’habitude, où je vais, au final, de prolongation en prolongation, rester 10 jours ! Les lits sont confortables, le petit déj inclus et bien garni, et il y a un bout de jardin super calme. Je fais une bonne lessive, je dors bien, je lis au soleil, j’avance un peu mon blog… Les midis, je fais quelques courses au marché et je cuisine, ou alors je vais déjeuner en ville. Chang Mai est une grande ville, bien (trop) adaptée pour les touristes : nombreux restaurants de tous styles de cuisine (je teste la cuisine Thaï bien sûr et aussi la cuisine végétarienne et végan).
Il y a aussi de jolis temples bouddhistes un peu partout en ville, des salons de massages (j’ai testé le massage Thaï, aie aie aie !!!), et de nombreux ateliers d’artistes peintres. J’ai d’ailleurs profité de ce temps de pause pour prendre quelques cours de peinture. Le soir, je me balade au marché d’artisanat et enfin je renoue avec mon plaisir de la danse en boite de nuit (locale, c’est-à-dire à moitié dehors, mais uniquement remplie de touristes…) bof…
Pai : la ville baba-cool au pied des montagnes
Bon, il est temps de reprendre un peu la route du voyage… alors je pars en mini-bus pour Pai, à 5h et 700 virages de Chiang Mai. Mieux vaut avoir l’estomac bien accroché, et ne pas avoir pris de petit dej !
Pai : enclave touristique baba cool
A Pai, dans la rue principale, s’enchaînent agence touristique, location de scooter, petits restaurants, magasin d’artisanat, salon de massage et bar à la déco zen. Tout est fait pour la détente du touriste, l’ambiance est certes agréable, mais çà n’a rien de typique local. Je teste le massage douceur à l’huile de coco, je bois des cocktails de mangue en lisant au soleil… et le soir, des dizaines de stands de nourriture s’installent dans la rue principale et je déambule à la découverte de saveurs nouvelles, avant un mojito et quelques pas de danse au son de musiques américano-européennes.
Je fais tout de même une petite excursion à pied pour aller voir le « Bouddha blanc ».
Un épique trek dans la jungle avec M. Chart
Souhaitant un peu plus d’authenticité et découvrir les verdoyantes montagnes environnantes, je réserve un trek de 3j avec une petite agence pour un trek « hors sentiers battus ». Le matin du départ, le groupe auquel je devais me joindre n’est jamais arrivé… mon guide me propose de partir quand même, seule avec lui. J’ai beaucoup hésité… il a pignon sur rue et est connu localement, alors j’ai fait confiance et nous rejoignons un petit village de montagne à 1h de route/piste. Nous déjeunons au bord d’un champ avec des amis à lui, cuisine de riz et maïs au feu de bois puis partons en balade voir une cascade.
En voiture, nous rejoignons ensuite un autre village, où mon guide me présente des membres de « Lisu », une des 6 principales ethnies des « Hilltribes » (ethnies des montagnes). Cette ethnie est d’origine Birmano-tibétaine et vit dans les régions montagneuses du sud est de la Birmanie, sud ouest de la Chine et nord de la Thaïlande. Ils vivent de leurs cultures de riz et légumes.
Les femmes sont en train de coudre et décorer leurs tenues traditionnelles, et celles des enfants, pour le prochain nouvel an Chinois. Par mesure de politesse, je suis obligée de partager quelques verres d’alcool de riz que mon guide offre… mais je n’aime pas du tout cette boisson qui ne fait que me brûler l’œsophage !
Le soir, nous dinons et dormons chez un ami de mon guide. Il vit dans une cabane en bois, au milieu de son champ d’orangers. Mon guide ne dort pas… et il part chasser toute la nuit. Au petit matin, les deux amis cuisineront le produit de la chasse, après avoir fait grillé les poils sur le feu, dépecé la bête et découpé la viande en petits morceaux… que nous mangerons accompagné d’un nescafé en poudre (même ici) et de porc au chou… Mon guide me proposera aussi un peu de mygale grillée au feu de bois… il me dit que c’est très croustillant, surtout les pattes… sans façon merci !
Nous partons pour notre balade en forêt. Le rythme est tranquille. Nous nous arrêtons au bord d’une rivière ou M. Chart a construit un abri de fortune en bambou et feuilles de bananiers lors d’un précédent passage. Il m’apprend à pêcher dans la rivière juste avec un fil et un hameçon, et me cuisine des pâtes instantanées à l’intérieur d’une énorme tige de bambou. Puis nous rejoignons le village, où je patiente pendant que mon guide fait la sieste. Souhaitant rester là pour chasser de nouveau cette nuit, il s’arrange avec un ami à lui qui me ramène en ville en emmenant ses enfants à l’internat comme chaque dimanche soir…
La cité de Sukhothaï : l’Angkor Thaïlandaise
Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, cette ancienne capitale du Siam (ancienne Thailande) est un peu l’Angkor thailandaise. Entouré de remparts et s’étalant sur près de 70 km2, le site est remarquable pour la beauté de ses temples, plus ou moins bien conservés. Ma guesthouse, située à deux pas de l’entrée du site, me loue un vélo et je profite de deux agréables journées de balade/visites/photographies. Le site est même ouvert le samedi soir, pour un dîner champêtre de spécialités locales que je partage avec un couple de belges rencontrés dans un bus, et ce qui me permet de me balader et d’admirer le site de nuit, les temples étant magnifiquement bien éclairés.
Douceurs de la mer sur l’île de Koh Chang
La Thaïlande est bien connue pour ses îles paradisiaques, notamment au sud ouest du pays : sable blanc et, pour certaines, fêtes endiablées. Mais préférant un peu plus de tranquillité, et me rendant de toute façon vers le Cambodge, à l’est, je décide d’aller sur l’île de Koh Chang (l’île de l’éléphant), 3ème plus grande île de Thaïlande, plutôt montagneuse, qui reste relativement épargnée par le tourisme de masse. Depuis Sukhothaï, je passe une nuit dans le bus, et j’arrive à Bangkok… je prends alors un tuk tuk et le métro pour attraper un autre bus, puis une camionnette, un ferry et un pic up… pour enfin arriver, en fin de journée, à ma nouvelle auberge ! Quand je parlais des transports…
Mon séjour à Koh Chang sera également synonyme de repos, lecture, cocktails et autres jus de mangue et ananas, repas thaï, poissons et fruits de mer, dans des petits restaurants en bord de mer, balade sur la plage et… danse ! Fatiguée du bruit des dortoirs des auberges, je m’offre même un bungalow privé pour 4 jours, dans un hébergement tenu… par des Français ! Une famille (grands parents et parents) qui ont investi dans ce petit business, où ils profitent de la douceur de vivre 6 mois de l’année.
Mon séjour en Thaïlande se termine. Impression mitigée sur ce pays, certes bien agréable pour sa douceur de vivre et sa cuisine, mais qui a largement perdu son authenticité, au profit d’une sur-adaptation à la demande touristique américano-européenne. Le pays mérite d’être découvert plus en profondeur, car des trésors se cachent dans les coins plus reculés ; mais mon besoin de repos à ce moment, a eu raison de mon goût de l’aventure. Ce sera pour une prochaine fois…