Après avoir passé deux semaines de bénévolat dans un monastère Bouddhiste près de la capitale (voir article), je profite des 2 semaines restantes de mon visa pour visiter le Myanmar : Bagan et ses milliers de temples, une randonnée au lac Inlé puis une autre dans les montagnes et enfin la ville de Mandalai.
Fêter le nouvel an à Bagan
Découverte de la plaine aux 2000 temples
Après une nuit à Yangon, je passe ma journée du dimanche 30 décembre 2018 dans le bus pour rejoindre Bagan, dans la plaine centrale du Myanmar. Je m’installe à l’auberge Ostello Bello, bien notée (à juste titre) par les voyageurs et je fais la connaissance de Marion, puis Pascale, une Parisienne et une Belge, chacune voyageant seule environ 4 mois en Asie du Sud Est.
Le lendemain, je pars avec un groupe de l’auberge pour une visite guidée des principaux temples. Tous en file indienne sur nos scooters électriques (moyen de locomotion idéal pour les touristes ici), nous suivons notre guide qui nous emmène à travers les pistes sableuses et nous explique l’histoire des temples, les constructions, les coutumes… etc
Bagan est un site archéologique bouddhique, de 50km², qui fut la capitale du royaume de Pagan, premier empire Birman, du IXè au XIIème siècle. Le site compte plus de 2000 temples, principalement faits de briques (parfois sans ciment de jonction) et recouverts d’un stuc blanc (qui a souvent disparu). On y trouve plusieurs types de monuments :
- le stupa, monument plein, de base circulaire ou carré, voire pentagonal, dont la vénération se fait en tournant autour;
- des temples, monuments dont les dimensions peuvent varier, tout en longueur avec un porche et un vestibule, en forme de croix ou avec une cour intérieure carrée au milieu de laquelle un autre bâtiment est construit avec des représentations de Bouddha;
- des bâtiments dont une entrée construite en briques amène à des couloirs excavés dans la colline.
Malgré des travaux de restauration, beaucoup sont malheureusement en ruine, entre autre à cause d’un tremblement de terre en 1975. Heureusement, le site reste magique !
Dernier coucher de soleil de 2018… et nuit de réveillon
En fin d’après midi, nous ressortons admirer… le coucher de soleil ! Les toits terrasses des quelques temples encore accessibles sont déjà blindés de touristes, alors un jeune local nous propose de nous emmener ailleurs. Je suis avec Pascale et Marion, et la batterie d’un des scooters tombe en panne… donc c’est finalement depuis le bord d’un champ que nous admirerons le spectacle, et c’est parfait comme çà, non ? De bonnes crises de fous rires ponctueront notre retour à l’auberge, tantôt poussant le scooter, tantôt profitant d’une descente tête baissée et pieds rentrés… !!!
Ce soir, c’est la fête sur le toit de l’auberge pour le réveillon. On se pare comme on peut (pas de talons ni belle robe dans un sac à dos de baroudeuse !), et on profite d’un diner barbecue/mojitos et d’une soirée danse avec les nouvelles copines, et des voyageurs du monde entier… Ambiance et musique jusqu’au milieu de la nuit !
et premier levé de soleil de 2019… BONNE ANNEE !
Après 2h de sommeil, me voilà de nouveau sur mon scooter électrique pour aller cette fois au levé de soleil avec Pascale, sur le toit terrasse d’un temple conseillé la veille par notre guide. Nous nous perdons un peu en route dans la nuit sur les pistes sableuses, mais à 5h45, nous sommes bien installées pour le spectacle. Et quel spectacle : les couleurs sur la plaine et les temples ! Et en plus, à défaut de pouvoir être dedans, nous pouvons voir les montgolfières qui survolent le site.
A la rencontre de la population : de Kalaw au lac Inlé
Une journée de mini-bus inconfortable plus tard, je retrouve Pascale à Kalaw, et nous décidons de partir faire 3 jours de trek avec un guide pour rejoindre le lac Inlé. Nous choisissons volontairement une agence éthique qui nous a été conseillée par Marion, Ko Min, qui rémunère honnêtement les guides, cuisiniers et hôtes qui vont nous accueillir. Le tarif reste extrêmement raisonnable (75€/pers tout compris pour les 3 jours).
La belle campagne Birmane, ses petits villages ruraux et ses souriants habitants
Le lendemain, nous voici partis avec notre guide Léo, et Kajia et Suzie, deux amies allemandes en vacances. Nous marchons tranquillement 6h par jour, entre champs de légumes, de piment et prairies ou foin pour les animaux. Nous croisons des habitants qui travaillent aux cultures et nous saluent avec un grand sourire ; des femmes ramenant un stock de bois pour la cuisine ; des hommes revenant des champs sur leur charrette tirée par un buffle…
Nous nous arrêtons dans une école où les enfants rient de bon cœur de voir et essayer nos appareils photos.
Nous traversons des villages ruraux traditionnels, un peu comme un retour dans la campagne Française il y a une centaine d’années. Les maisons sont principalement en bois et en bambou, entourées d’un terrain où se baladent les poules, un ou deux cochons… pendant que les habitants battent le riz, trient la récolte de piments….
Nous visitions une maison traditionnelle et prenons le thé avec ses habitants. Trois pièces seulement : une cuisine avec un feu de bois qui fait office de cuisson et de chauffage, une pièce de vie avec un autel et une statue de Bouddha, une chambre. Pas de meubles.
Près d’une rivière, nous observons la vie quotidienne des locaux se dérouler en toute quiétude : une mère qui lave le linge dans le courant, un enfant jouant dans l’eau, le père qui rase les cheveux d’un tout petit (c’est une tradition) et le grand père qui fait prendre un bain à son buffle…
Une organisation au top avec Ko Min
Je me dois de faire une mention spéciale pour l’organisation, car c’était tellement parfait ! Léo parlait couramment anglais, et la cuisine était… tellement délicieuse, variée et abondante midi et soir ! Le soir, nous dormons dans de petites homestay, chez l’habitant. C’est basique (matelas au sol avec moustiquaire, et douche froide au seau) mais nous permet de découvrir la vie authentique des habitants. Le contact n’est pas évident avec nos hôtes, qui ne parlent pas anglais et sont plutôt pudiques. Mais toujours des gens adorables, qui vivent de peu et ont toujours le sourire.
Nuit de fête au village
Le 2ème soir, nous nous baladons dans le village avec Pascale. Les uns jouent au volley, un homme tente de rentrer ses vaches dans l’enclos, une mère trie les graines de maïs, son bébé dans le dos. Les femmes ont des enfants très jeunes ici. Les habits sont très colorés, tous mettent du tanaka sur leurs joues (voir l’explication dans l’article précédent), et les femmes mariées portent un turban sur la tête.
Après dîner nous entendons de la musique et, poussées par notre curiosité, nous rejoignons la fête du village. Quelle ambiance !!! Une sono dans le grenier à foin, et tout le village dans la cour de la ferme, les femmes d’un côté d’une grande corde (dont les jeunes filles à marier devant), les hommes de l’autre côté… Tout le monde danse, saute en rythme… nous participons avec joie, et aussi pour le plus grand plaisir des femmes, bien heureuses que nous nous mêlions à elles. Très joli souvenir 🙂
Et j’ai testé la feuille de Betel…
Notre guide Léo nous fait découvrir la tradition de la mastication de la feuille de Bétel (j’avoue que çà m’intriguait depuis mon arrivée au Myanmar), que l’on peut trouver sur tous les marchés, dans la rue… et qui est consommée quotidiennement par beaucoup de Birman. Il s’agit de la feuille d’une plante grimpante, dans laquelle ils ajoutent un liquide blanc (de la chaux apparemment), un bout de noix d’arec (très dure), du tabac, des épices… L’ensemble a des propriétés médicinales, lutte contre l’acné, les indigestions, coupe la faim, donne un coup de fouet comme une tasse de café… mais serait aussi étroitement liée à des problèmes de cancers de la bouche, et abime les gencives.
Le touristique lac Inlé
Le 3ème jour, nous arrivons au fameux lac Inlé, où vivent 70 000 personnes, réparties dans 4 villages sur les berges, et sur le lac lui-même, dans des maisons de bois et de bambou sur pilotis (profondeur de 2 à 4 m). Les habitants sont pêcheurs, fermiers, et vivent beaucoup du tourisme, grâce aux restaurants sur pilotis également et magasins d’artisanat. Le lac est connu pour ses pêcheurs traditionnels sur leur pirogue, qui rament avec une jambe, pour pouvoir de toute leur hauteur, mieux distinguer le fond de l’eau et garder les mains libres pour utiliser leur panier conique de bambou pour attraper les poissons.
Le lendemain, toujours en compagnie de Pascale, nous louons les services d’un chauffeur de bateau qui nous fait faire le tour « classique » des ateliers-magasins : vêtements tissés en fibre de lotus, fabrique de cigares, paniers en bambou, construction de bateaux en bois… J’ai trouvé cela très touristique et le rapport avec les gens peu authentique… Il y avait même un « stand » où l’on pouvait se prendre en photo à côté d’une femme girafe (les femmes qui portent des colliers-spirales en laiton), mais je n’ai pas souhaité le faire. Par contre, j’ai beaucoup aimé la balade en bateau entre les maisons sur pilotis, qui se reflètent parfaitement sur le lac.
Il y a aussi un temple sur le lac, connu pour ses Bouddhas tous ronds ! Il est de tradition que les hommes (uniquement) viennent coller des feuilles d’or sur les statues… qui ont à force perdu toute ressemblance avec un Bouddha !!! Et un autre temple au bord du lac, qui compte des milliers de stupas dorés.
Trekking dans les montagnes de Hsipaw
Je reprends la route, seule car Pascale descend dans le sud, et je rejoins la ville de Hsipaw dans les montagnes pour un autre trek.
La forêt et la vie rurale traditionnelle de montagne
Nous partons avec un guide indépendant, Kham Lu, qui connaît très bien la région, les villages et les dialectes locaux. Nous sommes un groupe de 8 dont 3 allemands, Angie une argentine, Mathilde et Romain un couple Français ; des voyageurs rencontrés à mon auberge.
Nous traversons des villages, mais croisons peu d’habitants. Les maisons sont petites, et pas sur pilotis ici (peut-être à cause du froid en hiver). Chacun a un bout de terrain et dispose de quelques poules, et arbres fruitiers. A l’extérieur des villages, beaucoup de champs de maïs de différentes variétés, c’est un aliment de base qui se conserve bien.
Assister aux préparatifs d’un mariage local
Le premier soir, nous nous arrêtons en homestay, chez l’habitant, chez un ami de notre guide. Il marie sa fille le lendemain, aussi c’est jour de fête, et nous avons l’honneur de pouvoir participer aux préparatifs. Il y a d’abord un repas traditionnel, à base de riz et de cochon bouilli, cuisiné depuis des heures par la famille sur le feu de bois. Puis une soirée karaoké et danse ! Nous dormons ensuite tous alignés comme dans une boite à sardine à l’étage de la maison. Le lendemain, petit déjeuner riz/cochon de nouveau, c’est ce repas qui sera servi dans quelques heures aux invités qui vont arriver.
Les mariés sont en habit traditionnel, plutôt émus visiblement. Ils ont 18 ans, ils se sont rencontrés il y a 2 mois à leur travail, en Chine juste de l’autre côté de la frontière à l’Est. La dot payée aux parents de la fille représente 1,7 millions de Kiats (1000€). Les invités arrivent à partir de 9h, ils viennent manger, boient beaucoup d’alcool de riz et offrent de l’argent ou de a vaisselle au jeune couple. La plupart viennent à pied ou en mobylette depuis les villages alentour. Ils ont été invités il y a quelques jours… par la réception d’une cigarette ou de quelques feuilles de thé… 🙂
Et j’ai pris le fameux « train de la mort »
Vestiges d’une présence coloniale Hollandaise un peu trop ambitieuse, cette ligne de train descend de Hsipaw à Mandalay, et passe par le célèbre viaduc de Gokteil. Le matin, nous arrivons tôt à la gare, car les billets s’achètent seulement quelques heures avant le départ du train. Nous avons choisi de prendre le wagon avec les locaux, et observons le paysage de campagne défiler… tout en faisant attention à la végétation, qui vient régulièrement fouetter les fenêtres ouvertes du train. Des vendeurs et vendeuses ambulantes, panier débordant porté sur la tête, nous proposent ananas et autres fruits, nouilles, poisson et autres sodas…
Enfin, nous voici au pont : la vitesse est limitée à 7km/h et il est interdit de se déplacer ou d’aller aux toilettes pendant la traversée… nous sommes à plus de 100m de hauteur sur cette architecture métallique…
Madalay : l’ancienne capitale royale
Deuxième plus grande ville du pays, Madalay compte plusieurs sites particulièrement jolis. Je n’ai pas pu tout visiter, car ayant mangé un mauvais burger à mon arrivée dans l’auberge, je suis restée clouée au lit 36h… mais j’ai ensuite pu louer un vélo et profiter de quelques merveilles.
Les monuments en ville
La pagode Kuthodaw est un ensemble de 729 stûpas, chacun abritant une stèle de marbre gravée en pali, l’ensemble constituant le Tipitaka (vaste recueil de textes fondateurs du bouddhisme theravâda).
Le temple du bouddha Mahamuni où repose un bouddha de 4m de haut, 6,5 tonnes, dont la particularité est d’avoir un visage lisse, astiqué tous les matins par les moines, et un corps qui grossit au fur et à mesure de l’ajout de feuilles d’or par les fidèles (les hommes uniquement, femmes interdites).
Mandalay Hill, colline qui surplombe la ville, est un lieu de pèlerinage important. Au sommet, une pagode d’où on peut observer le coucher de soleil sur la ville, après avoir sué à grimper toutes les marches !
Shinbyu : cérémonie initiatique d’entrée au monastère des jeunes moines
Par hasard, je tombe au détour d’une promenade sur un étrange défilé… c’est une célébration d’entrée au monastère de jeunes garçons. Dans la philosophie bouddhique, tous les garçons doivent faire ce rite de passage et aller quelques semaines en tant que moine novice dans un monastère, pour apprendre les écrits bouddhiques et s’immerger dans les enseignements de Bouddha. Ils décident ensuite de continuer ou revenir à la vie civile. Les enfants sont parés de vêtements de fête, maquillés et portant parfois une couronne. Ils défilent soit sur des chevaux, soit sur des chars tirés par des bœufs, le tout en musique.
Magnifique coucher de soleil sur le pont U-Bein
U-Bein est le pont en teck le plus long du monde, 1200m, plus de mille piliers, construit en 1849 avec des troncs abandonnés lors du transfert de la capitale du pays. Ce pont, et la vie qui s’y déroule, est particulièrement intéressant au coucher du soleil, quand les enfants rentrent de l’école, les moines au monastère ; et les pêcheurs traversent le lac sur leur pirogue…
J’ai adoré prendre des dizaines de photos… et aussi papoter avec un moine qui voulait pratiquer son anglais avec moi ! Il m’a même proposé de le rejoindre le lendemain pour visiter son monastère et une pagode de l’autre côté de la ville.
Mon séjour au Myanmar se termine… J’ai déjà dépassé mon visa de 4 jours, ce qui me vaudra quelques euros d’amende à l’aéroport, d’où je prends un vol pour rejoindre l’est de la Thailande : Chiang Mai.