Le mardi 12 février, je quitte la Thaïlande pour le Cambodge où, dans quelques jours, mes parents et ma sœur me rejoindront pour passer un peu plus de deux semaines en ma compagnie.
Passage de frontière terrestre…
Au cours de mon voyage, j’ai privilégié les frontières terrestres : on tamponne son passeport à la sortie d’un pays, on traverse un pont ou une route et on fait tamponner l’entrée dans l’autre pays. On pourrait gruger et entrer illégalement ? Oui, mais aucun intérêt d’être dans l’illégalité, quand on a un passeport Français et qu’on compte respecter le temps maximum de séjour dans le pays.
Et il y a parfois des frontières plus compliquées, où règne la corruption, comme entre Thaïlande et Cambodge. C’est la frontière principale sur la route allant à Angkor qui est la plus concernée. Ne souhaitant, ni avoir d’ennuis, ni favoriser ces pratiques de corruption, je renonce à la simplicité d’un trajet direct avec une agence et décide d’y aller par mes propres moyens (3 bus différents) et de passer par un poste frontière plus au sud, moins fréquenté.
Le douanier a tout de même essayé de me surtaxer le visa de 5$, mais il n’a pas insisté voyant que je connaissais le prix officiel. Ce ne fut pas la même histoire pour Adriana, une française rencontrée à Koh Chang : leur chauffeur de bus a voulu volontairement abandonner à la frontière une touriste qui refusait de payer les 40$ de corruption… Heureusement que les autres touristes du bus sont intervenus.
Battambang : premières découvertes Cambodgiennes
Les spécialités culinaires locales
Me voici donc au Cambodge, à Battambang. Je rencontre Mégane à mon auberge de jeunesse, une Suisse en vacances et nous allons dîner un délicieux Amok, plat traditionnel à base de poisson cuit dans une feuille de bananier. Le lendemain, je me balade en ville, admirant les ateliers d’artistes, les temples, la vie quotidienne et j’ai la chance de voir défiler des moines, qui viennent chercher leur nourriture quotidienne auprès de la population.
Le jour d’après, nous partons avec Méganeet d’autres voyageurs, pour un tour en tuk tuk avec un guide à la découverte des traditions locales. Notre guide nous fait d’abord découvrir les spécialités culinaires :
- Les bananes séchées, qui sont simplement découpées en très fines lamelles et séchées au soleil. Nous nous essayons à la découpe.
- Les flans de noix de coco, délicieux dessert !
- Le riz gluant qui est cuit à l’intérieur d’une tige de bambou avec de la coco ou de la banane, et qu’on épluche comme une banane pour le manger !
- La confection du Prahok, une pâte à base de poisson salé et fermenté. Confectionné à l’origine pour conserver le poisson, il est employé maintenant comme condiment dans la cuisine cambodgienne. Il est préparé à partir de poissons frais, la chair est écrasée et exposée au soleil une journée entière, puis salée et mise à fermenter entre 1 semaine à 3 mois. Sensibles aux odeurs… s’abstenir de la visite !
- La réalisation du papier de riz, pour la fabrication des rouleaux de printemps : c’est de l’eau de riz (du riz cru qui a trempé plusieurs heures dans l’eau), étalée très fine et mise à cuire un court instant sur une plaque chauffée par les glumes du riz. Puis ces galettes sont étalées sur des claies et mises à sécher au soleil 25 min environ. Il faudra les réhydrater pour les utiliser. La petite fabrique visitée peut faire 2000 pièces par jour les jours de soleil.
Côté histoire : les « killings fields » (les champs de la mort)
Nous nous arrêtons avec le tuk tuk sur un lieu de commémoration pour les milliers de personnes qui ont été tuées ici, ou sont mortes de faim ou de fatigue, lors du régime des Khmers rouges (entre 1970 et 1979). Pol Pot et son régime des Khmers Rouges ont soumis le Cambodge à une dictature dont l’objectif était d’en faire une société uniquement agricole et complètement contrôlée. Il contrôlait la façon dont les Cambodgiens agissaient, ce qu’ils portaient et à qui ils parlaient.
Dans la province de Battambang, le grenier à riz du pays, les paysans – et les habitants des villes qui ont été envoyés dans les campagnes- étaient obligés de produire toujours plus et de vendre toute leur récolte à bas coût, le riz étant utilisé pour les proches du régime et/ou envoyé en Chine. Les habitants n’avaient eux-mêmes plus de quoi se nourrir. De plus, toute personne ayant le moindre signe d’intellect était considérée comme une menace pour Pol Pot. Être médecin, enseignant ou simplement porter des lunettes suffisait à être suspecté d’être un traître et d’être tué… entre 1 et 2 millions de Cambodgiens périrent sous ce terrible régime.
Une soirée au cirque
Le cirque « Phare Ponleu Selpak » (la lumière de l’art), est plus globalement une école qui forme des jeunes aux pratiques artistiques : danse, musique, arts graphiques et cirque ; l’objectif étant d’offrir un métier à ces jeunes plutôt défavorisés (il existe même un système de bourse). Le spectacle, tout en sketchs, rires et acrobaties en tout genre, est le terrain d’entraînement de ces jeunes à l’avenir prometteur.
Descente de la rivière pour rejoindre Siem Reap
Je quitte Battambang pour rejoindre Siem Reap, voyage que je décide de faire par la rivière Sangker, sur une embarcation en bois. Je pars d’abord en pick up avec 14 autres voyageurs, pour une bonne heure de piste au milieu des champs, car le niveau de la rivière près de Battambang est trop bas. Puis nous montons dans le bateau, pour plusieurs heures de descente. Nous observons les maisons, épiceries et restaurants flottants, ou sur pilotis, reflets de l’adaptation des habitants à leur environnement ; ainsi que les cabanes de pêcheurs avec un système de poids pour faire remonter les filets de pêche.
Siem Reap : visites des fameux et magnifiques temples du complexe d’Angkor
Retrouvailles familiales
Samedi 16 février 2019, je rejoins ma famille, fraîchement arrivée de Paris… 6 mois que nous ne nous sommes pas vus et pourtant, c’est comme si on s’était quittés hier ! Décalage horaire oblige pour eux, la première journée est tranquille. Nous profitons d’un agréable massage à l’huile et aux fleurs tropicales. Puis nous nous promenons dans les jardins royaux, et faisons un tour au marché.
Pour ces deux semaines de vacances en famille, nous sommes passés par une agence locale éthique et responsable « Terre Cambodge », qui nous a concocté un joli programme, plutôt authentique. Nous faisons connaissance avec notre guide francophone et notre chauffeur, qui vont nous accompagner une douzaine de jours.
Angkor Thom, la cité royale en VTT
C’est en VTT que nous commençons notre découverte par Angkor Thom « la grande cité », qui est la cité royale construite par Jayavarman VII, roi bouddhiste de l’Empire khmer, à la fin du 12ème et début du 13ème siècle, restaurateur de la puissance du royaume khmer d’Angkor après l’invasion des Chams. C’est un site carré de 3km de côté, entouré d’un rempart de 8m de haut et bordé de douves, témoin de la grandeur de l’empire. On y entre par une des 4 portes monumentales (pour laisser passer un éléphant), ornées d’immenses visages. À chaque porte correspond une chaussée qui franchit les douves. Celle de la porte Sud est gardée de chaque côté par 54 géants qui tiennent le serpent fabuleux, le nâga montant la garde devant les quatre grands rois.
Les 4 voies d’accès se relient au centre, au Bayon, temple central de l’ancienne ville d’Angkor Thom, qui fut dédié au Bouddha par le souverain. Petit en surface (150m de côté pour l’enceinte extérieure), sa décoration est d’une exceptionnelle richesse, à l’apogée de l’art bouddhiste mahayana. A l’origine, 54 tours (il en reste aujourd’hui 38), chacune ornée de 4 visages, soit 216 visages, censés illustrer les 4 vertus du Bouddha : Charité, Compassion, Sympathie, Sincérité. On peut également y observer de magnifiques bas-reliefs qui évoquent la vie quotidienne d’Angkor de l’époque. Sous le règne de Jayavarman VIII (1243-1295), le temple fut converti à l’hindouisme et des remaniements ont été opérés.
Une cinquième porte permet d’accéder à la terrasse des éléphants du Palais Royal, qui s’étend sur 300m de long. C’était probablement une terrasse d’apparat décorée de structures en bois disparues depuis. Elle est bordée d’une balustrade en forme de nâga, et permettait au roi Jayavarman VII de regarder défiler son armée victorieuse de retour de la guerre contre les Chams.
Le fameux et gigantesque Angkor Wat
Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis seulement 1992, c’est le plus grand et le mieux préservé des temples du complexe d’Angkor. Il fut construit par le roi Suryavarman II au 12ème siècle en tant que « temple d’État » et capitale. Notre guide nous apprend qu’il a fallu plus de 400 000 ouvriers pour le construire, dont 6 000 sculpteurs, et 40 000 éléphants, sur une période de 39 ans. Les matériaux sont un mélange de pierre de lave et de pierres de carrière. En 1177, Angkor fut pillé par les Chams, les ennemis traditionnels des Khmers, puis l’empire fut restauré par Jayavarman VII, qui mit en place une nouvelle capitale, Angkor Thom et un temple d’État, le Bayon (visités précédemment). Au 14e ou 15ème siècle, le temple fut adapté au culte bouddhiste avec un remaniement notable du sanctuaire central (aujourd’hui encore, le temple est visité quotidiennement par des moines bouddhistes). Il fut l’un des temples les mieux conservés car il n’a jamais été complètement abandonné et ses douves ont fait une protection contre le développement de la jungle. Découvert par un moine portuguais en 1586, il n’a été popularisé qu’au milieu du 19ème siècle grâce à la publication des notes de voyage du naturaliste français Henri Mouhot.
À l’intérieur d’une douve et d’un mur externe de 3,6 km de longueur se trouvent trois galeries rectangulaires, chacune construite l’une à l’intérieur de l’autre. Au centre du temple se dressent des tours en quinconce. Contrairement à la plupart des temples d’Angkor, Angkor Vat est parfaitement orienté vers l’ouest, probablement parce qu’il était initialement hindou et dédié à Vishnou, et deux fois par an, entre les équinoxes et le solstice d’été, le soleil se lève et se couche exactement dans l’axe du bâtiment. Le temple est admiré pour la grandeur et l’harmonie de son architecture et ses nombreux bas-reliefs. Représentatif de l’architecture khmère, il est devenu le symbole du Cambodge, et figure sur le drapeau national (source Wikipédia).
Ta Prohm : le temple de « Tomb Raider »
Ta Prohm « grand-père Brahma » est un temple également construit par le roi Khmer Jayavarman VII, et consacré en 1186, en tant que monastère et université bouddhiste, dédié à sa famille. Plus de 12 000 personnes y servaient, 66 000 fermiers produisaient plus de 2 500 tonnes de riz par an pour nourrir la multitude de prêtres, de danseuses et d’ouvriers du temple.
Comme les autres temples khmers, Ta Prohm est inclus dans une enceinte de grande dimension (1 km sur 700 m soit environ 60 ha) dont les portes (une à chaque point cardinal) sont ornées d’une tour à quatre visages d’un style proche de celles du Bayon d’Angkor Thom. Beaucoup de travail a été nécessaire pour stabiliser les ruines et permettre un accès au public, mais à la différence de la plupart des autres monuments d’Angkor, Ta Prohm a été laissé dans un état proche de sa re-découverte au début du XXe siècle, c’est-à-dire envahie de grands arbres, des fromagers, dont les racines tracent leur chemin le long des murs de pierres et dans les anfractuosités des pierres et des ruines.
Nous avons adoré ce temple qui nous donne l’impression d’être acteur dans un nouvel épisode d’Indiana Jones… Ce temple est d’ailleurs devenu célèbre pour avoir été le support d’une scène du film « Tomb Raider ».
Banteay Srei : la citadelle des femmes
Ce temple est situé sur le site de l’ancienne ville d’Iśvarapura (la cité du seigneur, c’est-à-dire la cité de Shiva) à 20 km au nord-est d’Angkor. Il a été construit au 10ème siècle dans du grès rose et de la latérite, et probablement consacré en 967, sous le règne de Jayavarman V. Il fut découvert et dégagé tardivement en 1924 par les archéologues de l’École française d’Extrême-Orient qui mirent en valeur l’exceptionnel état de fraîcheur de ses décorations.
Découverte de la campagne aux alentours de Siem Reap
La montagne sacrée et ses pierres sculptées
Nous partons 2 jours dans la campagne, à 1h de route au nord est de Siem Reap. Nous nous promenons autour de Phnom Kulen, la montagne sacrée des Khmers et “carrière” qui a fourni en pierres les temples d’Angkor. Nous visitons plusieurs temples bouddhistes, puis descendons sur les rives de la rivière sacrée où plus de 1000 symboles phaliques ont été sculptés sur les pierres au fond de la rivière.
Nous avons également visité un site où des sculptures sont directement réalisées sur les rochers, et le site de Srah Dumrei, avec d’immenses monolithes de grès, le plus haut faisant 6m de haut, en forme d’éléphants et de lions.
Découverte de la noix de cajou
Nous découvrons les plantations d’anarcardiers, dont le fruit est… la bien connue noix de cajou ! Le fruit est constitué d’une espèce de pomme, verte à rouge selon son degré de maturité, mais c’est seulement son appendice, la noix en dessous, qui apporte une valeur ajoutée.
Les noix sont délicatement séparées de la pomme, puis séchées 3 à 4 jours à l’ombre. Elles sont ensuite chauffées au feu, et une fois refroidies, décortiquées manuellement en brisant la coque et en sortant la noix. Cette étape est particulièrement pénible, car la résine caustique et allergisante contenue dans la coque brûle les doigts des ouvrier(e)s, souvent des personnes aux revenus modestes. Les noix subissent ensuite une opération de torréfaction.
J’irai dormir chez l’habitant
En fin d’après midi, nous arrivons dans un village de campagne où une famille nous attend. La maison est en bois, sur pilotis, au milieu d’un petit terrain de terre et de sable. Les gens vivent ici en famille, car la tradition veut qu’au moins un des enfants reste aux côtés de ses parents. Ici, la mère vit avec deux de ses filles, leurs maris et leurs jeunes enfants. Oncles et tantes habitent les maisons à côté. La dot pour épouser une jeune fille est de minimum 5000$ et les parents donnent leur avis sur le potentiel mari. Les maisons sont simples : une cuisine, une chambre, une pièce de vie. Le Cambodge compte malheureusement parmi les taux de mortalité infantile les plus élevés d’Asie du Sud Est à cause de problèmes d’hygiène et de malnutrition.
Déjeuner chez l’habitant et visite d’une école
Ayant demandé un séjour authentique, notre agence nous a programmé des rencontres avec des locaux. Ainsi, nous déjeunons par deux fois chez des familles locales. Les repas sont donc préparés par la famille, à base de riz, légumes locaux et poulet. Tout est délicieux ! Nous profitons également d’un cours de peinture avec le fils d’une des familles.
L’école est obligatoire du primaire au lycée, après les élèvent ne continuent que si les parents ont les moyens. Sachant que le salaire moyen au Cambodge est seulement de 250$ par mois, beaucoup cherchent plutôt un emploi dans le tourisme (restaurant, hôtel, chauffeur de tuk tuk). Après le régime des Khmers rouges entre 1970 et 1979, il ne restait que 3000 professeurs. L’école a été en partie relancée pendant le protectorat Français.
Bonus de la vie quotidienne Cambodgienne
Quelques clichés pris sur le vif… un sourire, une scène de vie, une moto bien chargée…
Après une semaine sur Siem Reap à découvrir les beautés des temples et de la campagne environnante, nous partons vers le sud. Une enrichissante expérience d’une nuit sur une maison flottante nous attend, puis nous irons nous relaxer sur une petite île digne d’un paradis.