Asie du Sud-Est / Récits de voyage

Cambodge (2/2) : des singulières maisons flottantes de Tonle Sap… aux plages paradisiaques de Koh Rong Saloem

Après une semaine de découverte du complexe d’Angkor et de sa campagne environnante, nous quittons Siem Reap, toujours en famille. Nous partons maintenant à la découverte du lac Tonlé Sap et descendrons jusqu’au sud du pays pour nous détendre en bord de mer, avant de rejoindre la capitale.

Les maisons flottantes du lac Tonlé Sap

Visite du marché local de Kampong Thom

Nous rejoignons Kampong Thom, où nous visitons le marché traditionnel : les étals de fruits et légumes colorés rivalisent avec les poissons frais et séchés, la viande, les fruits secs et l’artisanat.

Descente de la rivière en bateau à moteur

Après un repas traditionnel dans un petit restaurant, nous partons en bateau à moteur pour quelques heures de transport sur la rivière. Nous croisons quelques pêcheurs sur leurs embarcations et des buffles qui prennent leur bain dans la rivière… Plus nous nous approchons du lac et plus la vie locale s’intensifie. Malheureusement, les berges sont pleines de déchets jetés par les habitants, beaucoup de plastique sous toutes ses formes.

Le lac Tonlé Sap : un écosystème très particulier

Tonlé Sap est à la fois le nom de la rivière et du lac. C’est un système hydrologique d’une importance capitale pour le Cambodge : réserve d’eau douce (plus grand lac d’eau douce d’Asie du Sud-Est) qui fournit 75% du volume de pêche d’eau douce du pays ; site écologique refuge d’espèces de grands oiseaux en voie d’extinction et source de dépôts de sédiments après la mousson, favorisant l’agriculture. Mais ce qui est extrêmement rare, c’est que la rivière inverse le sens de son cours d’eau 2 fois par an : de novembre à mai, à la saison sèche, l’eau coule du lac vers le Mékong (écoulement classique) ; et de mai à novembre, lors de la fonte des neiges himalayennes et des pluies de mousson, le Mékong est en crue, et la rivière déverse alors le trop plein dans le lac, évitant ainsi les inondations. Ce « retournement des eaux » a lieu une fois par an dans chaque sens (mai et novembre). La superficie du lac passe de 2700 km², 1m de profondeur, à 16 000km², 9m de profondeur, soit une surface multipliée par 6 et un volume multiplié par 70 ! Malheureusement, selon certains experts, cet écosytème est menacé à cause de la construction de barrages hydroélectriques et la surpêche (source Wikipédia).

J’irai dormir… sur une maison flottante !

Nous arrivons au delta du lac Tonlé Sap, et découvrons les maisons flottantes. Elles sont construites en bois et reposent sur des jarres en terre cuite retournées (la poche d’air les fait flotter à la surface du lac), ce qui permet à la maison de s’adapter aux forts changements de niveau du lac entre saison sèche et saison des pluies (jusqu’à 10m de différence). Les jarres sont de plus en plus remplacées par des bidons en plastique ou en métal. Lorsque le niveau est vraiment bas, des pilotis sont délicatement calés sur la pente de la rive. Une maison coûte environ 35 à 45 000€. Ecole, restaurants, magasins, station essence et garage à bateaux sont construits sur le même modèle. Les habitants se déplacent par la rivière, dans des pirogues ou bateaux à moteur particulièrement bruyants.

Ici le village compte 350 familles. Il y a un chef de village, une école, et un poste de police. A la saison sèche, les habitants cultivent des légumes sur les rives (courges, poireaux, aubergines…). Ils vivent bien évidemment beaucoup de la pêche également : sous les maisons sont aménagés des viviers pour stocker les poissons et pour les vendre au fur et à mesure au marché. L’eau pour l’alimentation vient d’un puits.

Nous passons la soirée chez une famille, le père, sa fille et son fils. La maison se compose d’une petite cuisine, une petite salle de bain dans laquelle on se douche à la bassine, des WC (spécifiquement installés pour les touristes !), et une grande pièce de vie dont la grande ouverture donne sur la rivière. Nous dormirons ici, sous une moustiquaire, bercés par le cliquetis de l’eau et les doux balancements de la maison.

Les moteurs des bateaux nous réveillent tôt le lendemain, nous prenons le petit déjeuner en observant la vie quotidienne se dérouler : les enfants qui partent à l’école en uniforme dans une pirogue, le bateau-épicerie ambulante qui passe de maison en maison…

Découverte de la campagne du centre/sud Cambodgien

Le village de poteries

Après une heure de bateau et quelques heures de voiture, nous nous arrêtons dans un village spécialisé dans les poteries. La terre utilisée provient d’une colline proche, elle est mise en poudre pour le transport et le stockage et réhydratée pour la fabrication.  Chaque famille a sa spécialité : des tirelires en forme d’animaux, des bols à offrandes, des flacons à savons… Selon les modèles, ils sont réalisés à partir d’un moule ou faits sur un tour, puis polis et décorés à la main avant d’être cuits par lots dans un grand feu, environ 20 min. Un marchant passe 1 à 2 fois par mois et les achète par 200 ou 300 pièces. Une tirelire cochon est ainsi achetée 0,5 à 0,7€ pièce, et revendue le triple.   

Balade dans la forêt de pins de Kirirom

Kirirom est un parc national, à environ 100km de la capitale. Nous faisons un arrêt d’une nuit dans ce parc, au milieu d’une forêt de pins. Le petit hôtel est tenu par des français, rachat récent, mais peine encore à se faire sa clientèle en dehors des week-end au vert des riches familles de la ville. Le soir, nous sommes ravis de déguster… un bon poulet/ frites, source d’une bonne crise de rire familiale, après deux semaines de soupes diverses et de riz ! 

Notre balade forestière nous mène à l’école « Coconut school », une école privée construite à partir de déchets recyclés et qui fait de la sensibilisation auprès des jeunes. Au Cambodge, la pollution plastique est un vrai problème et il n’y a pas de système de collecte et de recyclage adapté. Ici, les casiers des élèves sont faits en vieux bidons, les buts de foot sont en bouteilles plastique… Les élèves payent leurs frais de scolarité… en déchets réutilisables (bouteilles, bouchons, canettes, pailles…) www.coconutschool.org

Détente à Koh Rong Saloem

Après quelques heures de voiture, nous arrivons à Sinakouville, ville bétonnée avec de grands hôtels en bord de mer, ce qui n’est pas à notre goût. Des travaux et bouchons nous ayant fait prendre du retard, nous arrivons tout juste à temps pour attraper le ferry qui nous amène à Koh Rong Saloem, petite île paradisiaque comme on l’imagine, avec ses plages de sable blanc et ses eaux chaudes et translucides. Nous nous installons confortablement pour 4 jours dans les bungalows du Green Blue Beach Bungalow, pieds dans le sable et vue sur mer.

Nos journées sont tranquilles entre lecture, baignade, hamac, cocktail, massage… Au coucher du soleil, nous faisons une petite balade à pied, pour aller à « Lazy Beach » de l’autre côté de l’île en 35 min de traversée de la forêt. Attention… buffles en liberté sur le chemin, et ce sont des vrais ! Les soirs, nous dînons du poisson frais, grillé au barbecue, les pieds dans le sable toujours… Le paradis 🙂 Je retrouve même par hasard Marion, une voyageuse rencontrée à Bagan en Birmanie deux mois plus tôt !    

Phnom Penh, la capitale du Cambodge

Visite de la ville

Nous quittons à regret notre île paradisiaque et rejoignons la capitale Phnom Penh. Nous faisons un tour dans la ville en cyclo-pousse traditionnel, mode de transport écologique malheureusement plus vraiment utilisé. Nous visitons l’hôtel de la poste, qui témoigne du patrimoine architectural hérité de l’époque du protectorat français (1863-1953), et le quartier colonial.

Visite du Palais Royal

Conçu par un architecte khmer et réalisé avec l’aide du protectorat français en 1866, le Palais Royal, sur 18 ha, est la demeure des souverains du Cambodge. Tous les bâtiments sont orientés vers l’est, selon les règles sacrées de la construction bouddhiste et les jardins sont bien entretenus. Dans une cour, on trouve un Stupa qui abrite les cendres des ancêtres. Les murs du cloître extérieur sont recouverts de fresques peintes entre 1903 et 1904, racontant les épisodes du Ramayana, l’une des épopées mythologiques fondatrices de l’Hindouisme.

La pagode d’Argent abrite de nombreux trésors nationaux, comme le fameux petit Bouddha d’émeraude, qui est en fait en cristal et une statue de Bouddha en or de 90 kg. Sous le règne du roi Sihanouk, le sol fut même pavé de plus de 5 000 carreaux d’argent de plus d’1kg chacun.

Le pavillon du Clair de Lune accueillait les représentations des danseuses royales et les réceptions. Il servait également de tribune pour le souverain qui pouvait alors faire face à la foule. De nos jours, il assure encore cette dernière fonction et fut notamment utilisé en 2004 pour le couronnement de Sa Majesté le Roi Norodom Sihamoni, actuel roi du Cambodge. Le roi n’a pas réellement de pouvoir, c’est le 1er ministre qui dirige le pays.

L’histoire des Khmer Rouges et le musée du génocide

Les Khmers rouges, mouvement politique et militaire communiste radical ont dirigé le Cambodge de 1975 à 1979. Le principal dirigeant a été Saloth Sâr, plus connu sous le nom de Pol Pot (« Political Potential »). Leur organisation a mis en place une dictature d’une extrême violence, dont le but était de créer une société communiste sans classe. Les intellectuels sont considérés comme suspects et envoyés en camps de travail. Il suffisait parfois de porter des lunettes ou de parler une langue étrangère pour être tué. Les villes sont évacuées, contraignant les populations à travailler dans les campagnes, dans des conditions relevant de l’esclavage. Des repas communautaires sont instaurés pour les paysans, qui sont dépossédés de leurs terres, et la vie de famille fait l’objet de restrictions rigoureuses et d’une déstructuration volontaire. Le régime cherche à rééduquer l’ensemble de la population pour détruire l’idée de propriété privée et tous les repères culturels. Le régime fixe des objectifs irréalistes de rendement et le pays souffre bientôt d’une famine généralisée, dont le régime fait consciemment usage pour mieux asservir la population. Les Cambodgiens n’ont droit à aucune vie privée, à aucune liberté de conscience. Les moindres manquements dans le travail forcé peuvent être punis de mort.

L’épuration est menée par la police secrète khmère rouge. Le régime n’a officiellement pas de prison, mais des centres de rééducation où les Cambodgiens sont incarcérés sous les prétextes les plus variés, détenus dans des conditions abominables, et régulièrement soumis à la torture, pour confesser des délits imaginaires. La durée de survie n’excède généralement pas trois mois. Le plus célèbre de ces centres de détention est l’ancien lycée de Tuol Sleng, désigné sous le code S-21 où environ 20 000 personnes y périssent. C’est là qu’est installé le musée du génocide que nous visitons. Le nombre total de victimes du Régime reste sujet à débat, les estimations variant entre 740 000 à 2 200 000 de morts (soit plus de 20% de la population de l’époque) (source Wikipédia).

Kampot et sa spécialité culinaire de crabes

Mes parents et ma sœur reprennent l’avion à Phnom Penh pour rentrer en France. Quant à moi, je prends le bus direction Kampot, une ville en bord de mer au sud du pays. Le centre ville est tranquille, il fait bon se balader tranquillement à pied ou en vélo. Je déjeune dans un restaurant qui emploie des personnes en situation de handicap, une belle initiative, tout comme ce centre de massages réalisés par des personnes aveugles. Je m’installe dans un petit lodge écologique tranquille, au bord de la rivière et mes prochaines journées seront rythmées par mes lectures dans le hamac, baignade et repas faits de fruits et légumes frais.   

Une journée, je pars en excursion pour rejoindre Kep, à 2h30 en bateau, où les plats de crabes ont fait la réputation de la ville. Ma visite du marché le confirme, en plus c’est férié aujourd’hui, il y a donc du monde qui achète les crabes, calamars et crevettes fraîchement pêchés et que l’on peut déguster grillés au barbecue directement au marché ou dans un des nombreux restaurants. J’ai testé les crabes à la sauce de noix de coco, et effectivement, c’est délicieux ! Le retour se fait également en bateau, à la lumière du coucher de soleil et en croisant de nombreux bateaux de pêcheurs, qui partent en mer pour la nuit.

Mon séjour au Cambodge se termine. Je prends un bus pour rejoindre la frontière Thaïlandaise… le trajet est long… A la frontière, un faux guide, de mèche avec notre conducteur de bus, tente de m’arnaquer et me demande l’équivalent de 12€ pour soit disant faire accélérer les démarches d’immigration… alors que la file pour y accéder était vide !!!

Cette mésaventure passée, me voilà de nouveau en Thaïlande, pour une dizaine de jours et une expérience extraordinaire : un stage de développement personnel avec des éléphants !  

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